Le 19 janvier 1871, c’est la bataille de Buzenval.

Au lendemain de la proclamation de Guillaume II en tant qu’empereur d’Allemagne dans la galerie des glaces du château de Versailles, une ultime tentative est lancée par les troupes françaises pour briser le siège de la capitale. Les troupes assiégées dans Paris sous les ordres du général Louis Jules Trochu tentèrent une sortie en direction de Versailles.

Monsieur Régis Quennouelle, membre de notre golf, raconte.

« Nombreux sommes-nous à avoir vu quelquefois notre petite balle passer au-dessus du pan de mur entre le 2 et le 5 Vert, ou du mur clôturant le golf le long du 15. II y a presque 118 ans, des balles d'un autre genre, meurtrières celIes-Ià, étaient échangées de part et d'autre.

C'était le 19 janvier 1871 à la bataille de Buzenval, opposant Prussiens et Français.
Septembre 1870, c'est la capitulation de Sedan, l'abdication de Napoléon III, la proclamation de la République. Tout espoir d'armistice est perdu en raison des exigences de l'ennemi. L'étau se resserre sur Paris bombardé. Sous la pression populaire une opération militaire est décidée, dont l'un des objectifs est le plateau de Garches, pour menacer ensuite Versailles où le grand Etat-Major prussien est installé. Alors que le 18 janvier 1871, Guillaume 1er, Roi de Prusse, se fait proclamer Empereur d'Allemagne, des troupes françaises se concentrent sur les pentes du Mont Valérien. Quant aux troupes prussiennes, elles sont disposées sur les hauteurs entre Versailles et Sèvres. Le parc boisé du château de Buzenval – englobant actuellement les collèges de Passy-Buzenval, Danielou et une bonne partie du golf – était entouré d'un solide mur crénelé constituant une ligne de défense idéale du point le plus haut (les greens du 1 et du 17 Vert sont à la cote 155). 
C'est à la colonne du Général Carrey de Bellemare que sont assignés les objectifs :
  • Maison du Curé : disparue aujourd'hui, elle était située sur la droite de la route du 19 janvier, en montant vers le golf (monument commémoratif).
  • Le plateau point 155.
  • Le château de Buzenval.
Elle progresse au petit matin dans la boue à travers les vignes et les champs (hippodrome de Saint-Cloud). Vers 7 heures, le 19 janvier, trois coups de canon sont tirés du Mont Valérien donnant le signal de l'attaque. À la faveur du brouillard (nous connaissons), les troupes françaises surprennent les avant-postes prussiens qui se replient. Le château de Buzenval est pris ; des bataillons attaquent le point 155 et, l'atteignant, la maison du Curé tombe également. Cependant les Prussiens réagissent avec vigueur à la Bergerie (maison bordant actuellement les trous 3-4 Jaune). Toutefois, un bataillon effectuant un mouvement tournant arrive par la plaine (trous 11-12 Jaune, 3-4 Vert) sur le mur du parc (pan restant) et est accueilli par une telle averse de balles que les hommes se blottissent dans le fossé parallèle (il existe toujours). On tente de faire sauter une partie du mur à la dynamite mais il gèle et l'explosion ne se produit pas malgré un revolver déchargé. Vers 12 heures les objectifs sont en partie atteints mais le sort des armes change de tournure. La colonne qui doit attaquer le mur ouest du parc de Buzenval (dont une partie longe le 15) est en retard.

L'absence d'artillerie se fait cruellement sentir.

Vers 15 heures, les Prussiens contre-attaquent partout, la maison du Curé est prise et reprise. A 17 heures la retraite est sonnée et c'est à ce moment-là qu'Henri Régnault est tué, près de l'endroit où s'élève le monument. “J'ai encore des cartouches à brûler” dit-il à ses camarades. Il se dirige alors vers le mur où il est frappé mortellement.

Les Français épuisés de fatigue et démoralisés par l'improvisation se replient sur le Mont Valérien. Les pertes françaises sont sévères : environ 4000 tués ou blessés, dont certainement plusieurs centaines sur l'emplacement du golf ou aux abords immédiats.

Le monument commémoratif d'Henri Régnault fut élevé vers 1880. Alors que les travaux de construction du golf étaient en cours, des vandales, le 24 juillet 1912, enlevèrent le buste de bronze. Une réplique fut coulée et remise en place le 19 janvier 1913 ; Paul Déroulède prit part à la cérémonie.

72 ans après la bataille, nous sommes en 1943, un Amiral allemand joue en compagnie d'autres officiers. Alors qu'il cherche sa balle dans les feuilles un peu avant le green du 14, il découvre le monument et déchiffre l'inscription peu lisible “Tué par les Allemands”. Sa partie terminée, il convoque le Directeur – Pierre Canivet, que beaucoup ont connu – et furieux, pose une réclamation sous forme d'ordre : “ Faites démolir ce monument dans les délais les plus brefs.”

S'ouvrant de ce problème à un de ses amis, Michel Quennouelle, celui-ci lui conseille d'expliquer à l'Amiral qu'il s'agit non pas d'un mort récent mais d'un soldat tué durant les combats de la guerre 1870-1871 et que c'est vieux, bien vieux... L'argument fut suffisant.